Cet article est écrit dans le cadre des Vendredis Intellos de Mme Déjantée.
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Enfant, tous les étés, nous réclamions notre cahier de vacances. Ma mère n'en était pas particulièrement fan, elle savait que nous abandonnerions l'horrible cahier, passées les trois premières pages.
J'en voulais un parce que ça me paraissait être le "it" à posséder en vacances, ça me semblait le comble du jeu à avoir sur la plage. Et puis, bien dans mon rôle d'aînée peste, j'aimais jouer à la maitresse avec les cousin/cousine/frère/sœur.
Nous avions de la chance, en "bons élèves", on ne nous a jamais présenté le truc comme des "devoirs", des "révisions".
D'ailleurs, ça m'aurait paru suspect. Les révisions, c'était comme cet horrible été en Espagne, quand toute la famille a jugé bon de tester mes fameuses tables de multiplication à tout bout de champs, par surprise, et constamment. Ce n'est pas un cahier multicolore et chamarré qui allait me faire "réviser" (réviser quoi d'ailleurs ?). Non non non !
Puis j'ai grandi, vieilli, pondu, mais je ne suis pas encore concernée par le cahier de vacances en tant que parent. Mais ça reste suspect à mes yeux, ces cahiers de vacances. Je passe toujours devant les têtes de gondoles en me demandant si Passeport et Nathan respectent vraiment les programmes et si c'est vraiment pertinent pour garder les cerveaux de nos enfants alertes.
Et puis, est-ce si grave le laisser les enfants "en sommeil" (enfin en sommeil, je me comprends, rien de plus stimulant que les vacances, la découverte d'un nouvel univers, de nouvelles activités, etc.) pendant 1 mois et demi ? Ce temps n'est-il pas nécessaire, au contraire, un peu comme le sommeil quotidien. Oui, pour moi, les grandes vacances sont à l'année scolaire, ce que le sommeil est à la journée. Un temps pour rêver, reconstruire les savoirs autrement dans sa tête.
Bref, pour étayer mon premier article destiné aux Vendredis Intellos de Mme Déjantée, j'ai trouvé un article écrit par Geneviève Cavaye, psychologue scolaire, qui a écrit quelques textes sur son site Enfance et Psychologie.
Ça commence "bien", elle confirme ma théorie (j'aime quand les gens "experts" me donnent raison).
"Les vacances produisent une rupture dans le rythme de vie quotidien de l'enfant. Cette rupture porte, en elle-même, quelque chose de dynamique, qui peut l'aider à évoluer à progresser au plan psychique, à grandir dans sa tête.
[...]
Les soucis de l'année précédente, les difficultés scolaires, si elles existent, doivent être laissés de côté. Ne pas non plus anticiper négativement l'année à venir. Valoriser l'enfant au maximum dans ses nouvelles capacités qu'il n'a pas toujours l'occasion d'exercer dans sa vie scolaire.
Oublier l'école, découvrir le monde sous d'autres aspects, voilà la riche leçon des vacances."
M'enfin, elle s'avère moins fermée que moi sur le cahier de vacances.
"Les éditeurs de cahier de vacances rivalisent d'imagination pour proposer des livres attrayants, colorés. Les thèmes abordés au cours des exercices peuvent être le point de départ de discussions plus larges sur le sujet, déboucher vers d'autres lectures.
[...]
Grâce à ce travail, dont la présentation est souvent très ludique, surtout pour les plus jeunes, l'enfant aura gardé un contact avec l'écrit, il aura entretenu quelques savoirs scolaires. Il aura découvert de nouveaux centres d'intérêt et aura peut-être le désir d'approfondir certains sujets par la lecture."
Damned ! Me serais-je un peu emballée à condamner sans jugement équitable ? Serais-je une fasciste des vacances, prête à un autodafé de cahiers ?
Devrais-je reconsidérer mon avis lorsque Progéniture entrera en primaire ?
Je comptais laisser murir mes réflexions sur ce sujet pendant encore quelques années, car je n'étais pas encore concernée : je rappelle que Progéniture n'a pas 3 ans et va entrer en Petite Section de Maternelle dans un mois, qu'aurait-on à réviser ??
Ou plutôt devrais-je dire, je ne me sentais pas concernée. Mais j'ai découvert un truc absolument affromineux et terrifique : les cahiers de vacances de "toute petite section de maternelle" ou de préparation à l'entrée en petite section de maternelle pour les 2-3 ans.
Ils sont tous là, Hatier, Passeport et consorts. Même Tchoupi s'y met, le traître.
Caddie dans le dos, liste de course mise en attente, j'ai feuilleté ces cahiers, et j'avoue les avoir tous trouvés compliqués à comprendre et à mettre en œuvre. Je ne vois pas Progéniture se plonger là dedans, et je me vois encore moins lire la consigne et lui faire faire des exercices. A deux ans et huit mois !?!
Mais ce qui m'a fait pousser des cris d'orfraie, c'est celui-ci :
N'y-a-t-il pas plus cynique d'appeler un cahier de révision (ou de préparation, on appellera ça comme ça vous chante) les "récrés de la maternelle", alors que l'enfant n'a encore ni goûté à l'école, ni à ses récrés. Et que ce qu'on va lui faire faire avec ses cahiers est l'activité la plus éloignée de la récréation qu'on puisse lui proposer !!
Alors j'ai craqué, j'avoue. Je me suis enfuie, bide en avant, hormones en furie, et j'ai hurlé :
"Les cahiers au feu ! Les éditeurs au milieu !
Les cahiers au feu ! Les éditeurs au milieu !"
Pour aller plus loin :
- L'initiatrice du thème : Maman Bavarde
- Phypa, qui nous recense quelques études sur "l'utilité" des cahiers de vacances.
Chacun des deux posts donne aussi des avis de pédagogues reconnus et de chercheurs en sciences de l'éducation.
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